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6 mars 2012 dans S'organiser

horlogeJe suis tombée hier, via un tweet de @LagrandeSofie, sur un article qui parle d'une étude européenne de Procter & Gamble selon laquelle :

Les mères françaises disposent seulement de 38 minutes de temps libre par jour (le plus bas en Europe).

38 minutes en moyenne qu'elles ne consacrent qu'à elles seules, passant le reste de leur temps à s'occuper de leurs enfants, leur famille, leur travail ou leur relation avec leur conjoint.

L'article ne mentionne pas sa source, et ne dit pas si les chiffres sont très différents pour les pères, ou encore pour les adultes sans enfants. Je ne sais donc pas par rapport à quoi comparer exactement. Mais le chiffre me paraît extrêmement bas. Je pense que j'ai toujours disposé de largement plus de temps libre, personnel, que j'occupe à ce qui me plaît ! Même avec des enfants en bas âge. J'ai fait la remarque sur Twitter. Certaines m'ont dit qu'elles pensaient comme moi. D'autres m'ont dit "Tant mieux pour toi" en expliquant qu'avec un bébé, c'était impossible pour eux (mère ou père). Enfin, on m'a répondu que de toutes façons, il n'y avait pas du tout de temps pour soi, toujours des choses à faire, et du temps subi. Je reste perplexe.

Mon premier réflexe est déjà de me dire que les stats du type "Combien de temps les gens regardent la télé par jour" sont nettement supérieurs à 38 minutes. Les derniers chiffres de Mediametrie indiquent bel et bien 4 heures de télévision par jour pour les ménagères de moins de 50 ans ! Cela me semble donc incohérent. On ne doit pas avoir la même notion du "temps libre consacré à soi", j'imagine. Je sais que certaines personnes regardent la télé tout en effectuant des corvées. Soit. Mais ce doit pas être une majorité. En général, c'est quand même un temps de loisirs personnel (même si ce n'est pas forcément solitaire), et qu' on a choisi, de regarder la télévision, non ?

Quand on dit "Je n'ai pas de temps pour moi", est-ce vrai ? Ayant 5 enfants, j'ai souvent droit à des remarques du type "Mais comment fais-tu pour trouver le temps de faire ça (gérer des sites web, jouer sur l'ordi, faire du jardinage ou de la déco) ?". A chaque fois, moi, je m'étonne que d'autres parents ne trouvent jamais le temps de rien faire (selon leurs dires !). Il y a plusieurs éléments différents qui se mélangent, en fait :

  • Chacun ne compte pas le temps consacré aux taches obligatoires, ou automatiques, comme étant du temps "libre". Ainsi, j'ai toujours beaucoup bouquiné ou joué sur ma DS dans les transports en commun pour me rendre au boulot. C'est du temps de transport obligatoire, pas du temps de loisirs, mais pourtant, lire ou jouer sont bien des activités-types de temps libre et personnel !
  • On ne se rend pas forcément compte non plus du temps qu'on passe sur nos activités personnelles. On se sent enfin libre le soir quand les enfants sont couchés, après une looooongue journée : le temps nous paraît très court, mais il peut pourtant y avoir 2 bonnes heures de libres à ce moment-là. Qu'on a peut-être un peu gaspillées sans y faire attention, passivement, parce qu'on se sent fatigué et qu'on a juste envie de ne rien faire, ou de procrastiner sur Facebook. Ce qui n'est pas forcément une mauvaise idée, hein, mais cela reste bel et bien du temps libre. Si par ailleurs on manque de temps pour une activité qui nous plaît, pourquoi ne pas noter pendant une semaine, toutes nos occupations, dûment minutées, afin de trouver un créneau à remplacer ?
  • On n'ose pas se consacrer du temps à soi. Peur de paraître égoïste, culpabilité à ne pas consacrer plus de temps à ses enfants ou son conjoint, tendance à se conformer à ce qu'on attend de nous. C'est un thème très à la mode, mais curieusement, j'ai l'impression que plus on demande aux gens de prendre du temps pour eux, plus ils se sentent coupables de le faire. Le fait d'insister lourdement sur ce point peut en effet s'interpréter comme un "Ce n'est pas normal de s'occuper de soi". Personnellement, je n'ai jamais eu de soucis de ce point de vue, mais à force de lire des articles sur ce thème, j'en viens à me poser des questions !

L'important n'est pas forcément cette quantité de temps libre, bien sûr. C'est surtout d'en retrouver une certaine prise de conscience, voire maîtrise, d'assumer de vrais choix, de gérer ses priorités. Ah, les priorités, on y reviendra...